Du lundi 11 mai au mardi 02 juin 2015

Salle Colette à Notre Dame d'Oé

Place du 8 mai 1945 ( face à l'ancienne mairie)

- Mardi : 15h30 - 18h00
- Mercredi : 9h30 à 11h45-14h.18h
- Vendredi : 16h45- 18h00
- Samedi : 10h- 12h00

Tél : 02.47.42.58.38

Communiqué de presse

Adeline Fusillier revendique son statut de peintre autodidacte : Après des études d’histoire de l’art, elle s’est dirigée vers la fac de médecine pour devenir art thérapeute, sans passer par une école d’art.

Car l’art est pour elle un support d’expression et de développement personnel, un moyen d’entrer en relation avec son être intime et avec les autres. Elle peint souvent la nuit, lorsque le temps se  distend, guidée par les émotions libérées par le monde du rêve.

Ses œuvres grand format, peintes à l’acrylique, sont ses « coups de tête » ; elles naissent spontanément et sont très rapidement exécutées. Mais la fulgurance de ses créations l’amène parfois à laisser les toiles de côté plusieurs années, avant de les reprendre pour - enfin - leur donner leur forme achevée.

Le processus de création suit des étapes, un développement. D’abord le travail du fond puis le surgissement des « évocations ». Les touches se mélangent, coulent, uniformes ou par dépôts successifs de matières, elles s’agglomèrent et s’accumulent dans un univers indéterminé, un magma créateur.

Puis vient l’étape de la purification par l’eau, l’artiste « lave » sa toile sous une douche révélatrice. L’effacement laisse apparaître les traces du hasard, les formes naissent en transparence. Là où Philippe Cognée brouille par la chaleur les figures de ses toiles peintes à la cire, Adeline Fusillier les lave à grandes eaux pour laisser émerger les images, qui naissent d’elles-mêmes. Comme le décrit Gaston Bachelard dans « L’eau et les rêves », l’eau invite à l’imaginaire. Adeline Fusillier utilise cet élément dans un mouvement de disparition et de révélation. Le fluide met la couleur en mouvement, mais il a toujours une direction, il va vers le bas, vers la profondeur, comme un retour à un état plus ancien.

Adeline Fusillier structure ses peintures en trois ensembles : les séries « En vrac », « Tibonom » et « Mam Zelle Bulle ».

« En vrac » regroupe des toiles nées d’idées prédéterminées qui composent des éléments figuratifs sur fonds abstrait. Le fil rouge de l’ensemble des toiles « Tibonom » consiste en de petits personnages qui tantôt se trouvent, tantôt se perdent dans l’immensité des toiles de grand format.

Les « Mam Zelle Bulle » sont des personnages féminins représentés dans des cercles. À la manière de Jean Dubuffet et ses dessins de Hourloupe, les fonds naissent souvent de gribouillages obsessionnel, répétitifs et inconscients, tels que ceux qu’on réalise machinalement au téléphone, ou comme Adeline, pendant ses cours de Fac.

Ces motifs récurrents de ronds, cercles, sphères, renvoient à des figures de l ’histoire de l’art moderne et de l’abstraction géométrique, tels Paul Klee ou Robert et Sonia Delaunay. Mais on pense aussi à d’autres femmes peintres contemporaines, telles que Beatriz Milhazes et ses compositions abstraites de spirales et arabesques, mêlées d’ornements floraux.

Les « espaces intérieurs » que peint Adeline Fusillier évoquent aussi les agencements organiques de Vanessa Fanuele, où les échelles du Cosmos, des astres, des atomes et des cellules du corps se mêlent. Car dans un cercle, chaque point est le début et la fin, c’est un cycle. Ici se joue la question du commencement et de la naissance : de la goutte de pluie naît la source, de l’œuf naît toutes les métamorphoses.

Lorsqu’elle reprend des tableaux canoniques de l’histoire de l’art ou qu’elle s’inspire d’images prélevées dans des magazines ou sur internet, il s’agit toujours d’un choix spontané, d’une interpellation instantanée, puis d’une appropriation, une personnalisation.

Souvent, la photographie devient la source de ses créations. Adeline Fusillier s’appuie alors sur l’intention, le sentiment du photographe. Une couche de sens supplémentaire vient s’ajouter à cette technique du bain et de la révélation, puisqu’Adeline Fusillier était d’abord photographe.

« Mais la matière me parle plus … Je m’identifie à l’image à travers la peinture ».

C’est ce processus d’individuation qui est en marche à travers ces jeunes personnages « Tibonom », homme pas tout fait homme, et une « Mam Zelle » femme pas complètement femme.

Dans l’eau, comme dans un œil liquide, Adeline trouve son reflet.

Les formes circulaires, comme des matrices au commencement du monde, évoquent le retour à l’utérus maternel. Adeline Fusillier offre une représentation signifiante de mécanismes inconscients, entre désir de régression et peur de perte de soi (appelés complexe de Jonas en psychanalyse).

Mais il ne s’agit pas de circonscrire l’œuvre d’Adeline Fusillier dans des interprétations trop figées, car ici tout est génération spontanée. Dans les toiles d’Adeline Fusillier, l’élément féminin donne la vie, on y respire dans des bulles protectrices, rêvant au gré de nos humeurs aqueuses.

Adeline Fusillier est née en 1987 à Dreux